D'avoir mis son âme dans tes mains Tu l'as froissé comme un chagrin Et d'avoir condamné vos différences Nous ne marcherons plus ensemble Sa vie ne bat plus que d'une aile Dansent les flammes, les bras se lèvent Là où il va, il fait un froid mortel Si l'homme ne change de ciel Pourtant, j'ai rêvé J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer Au souffle du vent S'élevait l'âme, l'humanité Son manteau de sang J'irai cracher sur vos tombeaux N'est pas le vrai n'est pas le beau J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer A quoi bon abattre des murs Pour y dresser des sépultures A force d'ignorer la tolérance Nous ne marcherons plus ensemble Les anges sont las de nous veiller Nous laissent comme un monde avorté Suspendu pour l'éternité Le monde comme une pendule Qui s'est arrêtée J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer Au souffle du vent S'élevait l'âme, l'humanité Son manteau de sang J'irai cracher sur vos tombeaux N'est pas le vrai n'est pas le beau J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer J'ai rêvé qu'on pouvait s'aimer J'avais rêvé du mot AIMER Paroles : Mylène Farmer Musique : Laurent Boutonnat DANS LE MONDE ETRANGER Je ne peux plus regarder ton visage Où te caches-tu La maison s'est évanouie parmi les nuages Et tu as quitté la dernière fenêtre Où tu m'apparaissais Reviens que vais-je devenir Tu me laisses seul et j'ai peur Rappelle-toi le temps où nous allions ensemble Nous marchions dans les rues entre les maisons Et sur la route au milieu des buissons Parfois le vent nous rendait muets Parfois la pluie nous aveuglait Tu chantais au soleil Et la neige me rendait gai Je suis seul je frotte mes paupières Et j'ai presque envie de pleurer Il faut marcher vers cette lumière dans l'ombre C'est toute une histoire à raconter La vie si simple et droite sans tous les petits à côté Vers la froide lumière que l'on atteindra malgré tout Ne te presse pas Qui est-ce qui souffle Quand je serai arrivé qui est-ce qui soufflera Mais seul je n'ose plus avancer Alors je me mis à dormir Peut-être pour l'éternité Sur le lit où l'amour m'a couché Sans plus rien savoir de la vie J'ai oublié tous mes amis Mes parents et quelques maîtresses J'ai dormi l'hiver et l'été Et mon sommeil fut sans paresse Mais pour toi qui m'as rappelé Il va falloir que je me lève Allons les beaux jours sont passés Les longues nuits qui sont si brèves Quand on s'endort entrelacés Je me réveille au son lugubre et sourd D'une voix qui n'est pas humaine IL faut marcher et je traîne Au son lugubre du tambour Tout le monde rit de ma peine Il faut marcher encore un jour A la tâche jamais finie Que le bourreau vienne et t'attelle Ce soir les beaux jours sont finis Une voix maussade t'appelle Pour toi la terre est refroidie De loin je revois ton visage Mais je ne l'ai pas retrouvé Disparaissant à mon passage De la fenêtre refermée Nous ne marcherons plus ensemble Pierre Reverdy ESPRIT PESANT Il est allongé et il dort. C'est un corps mort. Un dernier rayon éclaire son visage calme où brillent des dents sans éclats. Les heures sonnent doucement autour de sa tête; il ne les entends pas. De temps en temps un rêve passe comme un nuage où se mêlent les gravures du fond. A droite dansent quelques flammes qui n'iront pas plus haut, et si les bras se lèvent ils touchent le plafond. Des hommes sans existence réelle soupirent dans les coins et tous les livres entr'ouverts sont tombés un à un sur le tapis déteint. Le silence, le calme, le sommeil qui descendent aussi lentement que la nuit. Pierre Reverdy POEME La neige tombe Et le ciel gris Sur ma tête où le toit est pris La nuit Où ira l'ombre qui me suit A qui est-elle Une étoile ou une hirondelle Au coin de la fenêtre La lune Et une femme brune C'est là Quelqu'un passe et ne me voit pas Je regarde tourner la grille Et le feu presque éteint qui brille Pour moi seul Mais là où je m'en vais il fait un froid mortel Pierre Reverdy TOUJOURS LA J'ai besoin de ne plus me voir et d'oublier De parler à des gens que je ne connais pas De crier sans être entendu Pour rien tout seul Je connais tout le monde et chacun de vos pas Je voudrais raconter et personne n'écoute Les têtes et les yeux se détournent de moi Vers la nuit Ma tête est une boule pleine et lourde Qui roule sur la terre avec un peu de bruit Loin Rien derrière moi et rien devant Dans le vide où je descends Quelques vifs courants d'air Vont autour de moi Cruels et froids Ce sont des portes mal fermées Sur des souvenirs encore inoubliés Le monde comme une pendule s'est arrêté Les gens sont suspendus pour l'éternité Un aviateur descend par un fil comme une araignée Tout le monde danse allégé Entre ciel et terre Mais un rayon de lumière est venu De la lampe que tu as oublié d'éteindre Sur le palier Ah ce n'est pas fini L'oubli n'est pas complet Et j'ai encore besoin d'apprendre à me connaître Pierre Reverdy ©-TSDP-2003 |